"L'art en chantier" 2009.

Si la relation entre l’art et le travail devient son sujet favori, c’est sans doute parce que ce jeune homme dynamique mène de front diverses activités. Depuis son départ de Rennes, son existence à Rouen pourrait s’exposer en un triptyque : artiste, travailleur et étudiant.
Quand nous parlons d'art, nous entendons les Beaux-arts, et quand nous parlons d'un artiste, nous entendons tout autre chose qu'un homme de métier. Pourtant, l’artiste plasticien David Jouin réussit à faire de l’art à partir de diverses activités. Hybride, son travail lie photos, vidéos, installations et sculptures.
Apprendre en travaillant 
Artiste et étudiant : depuis son entrée dans l’école des Beaux-arts de Quimper. Travailleur : quand il a commencé à nettoyer des bus dans le Sud du Finistère. Tout près de Pont-Aven, il « apprend » donc à créer, mais aussi… à balayer. Pragmatique et ingénieux, il va alors vite allier les deux. Peu de temps après, il découvre même un nouveau métier : responsable de l’équipe d’accueil du Théâtre Cornouaille, la Scène nationale de Quimper. Il réalise alors ses premières expositions. Décoiffante, une d’entre elle se déroule notamment dans un salon de coiffure…
Working progress
En pleine construction, il part s’installer sur Rouen pour assurer l’accueil du FRAC Haute-Normandie. Se découvrant alors un vif intérêt pour la transmission, il entame une formation universitaire pour apprendre à « développer les publics de la Culture ». C’est dans ce cadre qu’il effectue un stage au Satellite Brindeau, près des Docks du port du Havre. Il y réalise aussi sa dernière exposition : Plastik Work II. Le premier volet de celle-ci se déroulant dans une galerie d’art d’Osnabrück, en Allemagne, elle s’inscrit alors dans un jumelage entre la Basse-Saxe et la Haute-Normandie. Le jeune plasticien enchaîne cette année sur deux résidences : Prospectives avec des écoles d’Yvetot et la Galerie Duchamp et Diagnostic dans l’espace d’exposition de l’hôpital de Sotteville : La Ruche. Que ce soit dans un bus, une école ou un centre de soin pour personnes âgées, David Jouin recherche ainsi à « créer du décalage sur ce qui structure le quotidien ».
Installation dadaïste
Détournement à la Duchamp, les outils, les corps, les discours et les symboles sont pour lui un travail sans fin. Ici, pas de glorification, pas de recherche d’idéal : grands récits et volonté de changement font place au jeu. Éclats de couleurs, gestuelles répétitives et mises en scène déphasées s’étalent dans son travail comme une interrogation permanente des différents contextes où il évolue. Une de ses vidéos montre par exemple que si une machine à laver peut bercer, voire hypnotiser, c'est pour mieux annoncer un travail domestique. Adapter en langage plastique, sa production pourrait peut-être se traduire en une formule proche du dadaïsme : « passer de l'image fixe à l'image en mouvement et inversement ».